POÉSIE À LA FAPS
C’est le 26 mars dernier que s’est déroulée notre soirée poésie. Vous vous en doutez, pas question pour nous d’organiser une de ces soirées dont nous av(i)ons l’habitude puisque c’est chacun chez soi, qui dans sa chambre, son salon, sa bibliothèque ou sa cuisine que, avec Zoom ce dernier outil de communication incontournable, que nous nous sommes rencontrés, vus, et que nous avons partagé ce joli moment bien convivial malgré tout! Nous vous l’avions promis, voici donc les textes qui ont été lus et un petit aperçu de l’assistance! Pas très nombreuse il est vrai, mais de qualité! Merci à Dominique pour l’organisation!
Georges et Christiane nous ont proposé ceci :
Haïkus et autres poèmes
Les Haïkus sont des poèmes japonnais popularisés au XVII ème siècle par les moines Zen. On pourrait les caractériser comme une tentative de capter l’instant présent.
Cavalières du ciel
les hirondelles de retour
chevauchent les nuages
Tout autour de nous
le monde n’est plus que
fleurs de cerisiers
Théodore de Banville (1823-1891) : poète français du XIX ème siècle, ami de Baudelaire, Victor Hugo et Théophile Gautier. Il a été surnommé : le poète du bonheur. Ce poème a é été extrait des “Cariatides”.
Le printemps
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.
Sous les rayons d’or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos cœurs gonflés et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps !
Gérard de Nerval (1808-1855) , surnommé : le fol délicieux, était aussi un germaniste convaincu : il a publié en 1830 une encyclopédie de la poésie allemande avec des œuvres des poètes qu’il aimait notamment Schiller et Goethe. Ce poème est extrait de “Odelettes”.
Belle épousée,
J’aime tes pleurs !
C’est la rosée
Qui sied aux fleurs.
Les belles choses
N’ont qu’un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !
Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C’est le Plaisir.
et les 2 derniers Haïkus
Assis à ma porte
en guise de bouquet de fleurs
un arc en ciel
Même ma femme
a l’air d’une invitée
ce matin de printemps
Ce fut ensuite au tour de Christian qui lut un texte dont les auteurs sont le groupe Rammstein. Il s’agit d’un groupe de metal industriel allemand, originaire de Berlin. Formé en 1994, il se compose depuis le début de six membres originaires d’ex Allemagne de l’Est ; décrit comme appartenant au genre Neue Deutsche Härte, il en est le représentant le plus connu.
Frühling in Paris Texte (partiel) d’une chanson du groupe de métal allemand Rammstein
Im lichtkleid kam sie auf mich zu
Ich weiss es noch wie heut’
Ich war so jung, hab’ mich geniert
Doch hab’es nie bereut
Sie rief mir worte ins gesicht
Die zunge lust bestreut
Verstand nur ihre sprache nicht
Ich hab’es nicht bereut
Oh non rien de rien
oh non je ne regrette rien
Wenn ich ihre haut verliess
Der frühling blutet in Paris
Ich kannte meinen körper nicht
Den anblick so gescheut
Sie hat ihn mir bei licht gezeigt
Ich hab’es nie bereut
Un aperçu en vrai ! : https://www.youtube.com/watch?v=3KXifbtBNLs
Puis vint Dieter :
Bonjour à tous et bienvenue au printemps!
À l´éveil du Printemps, Le „Frühlingserwachen“ comme le disait Frank Wedekind en 1898.
Une tragédie d´enfant – eine Kindertragödie , die diesen Namen trägt.
L´éveil du Printemps – un thème et sujet qui m´occupaient beaucoup…. mais – j´ai fait déjà ma puberté – une partie – il y a longtemps! La puberté – le printemps de l´homme – : l´homme s’est séparé et s´est aliéné de la nature en se plongeant et se perdant dans la langue mais il cherche toujours à saisir un bout de ce réel à jamais perdu. Alors — cette partie de la culture des saisons – une autre fois.
Retour à la Nature! Et la saison : le printemps
Cette fois ci avec Johann Wolfgang von Goethe et un petit extrait de son chef d´oeuvre Faust 1 der OSTERSPAZIERGANG – Devant la porte de la ville ? La promenade de Pâques.
J´ai fait la connaissance de Goethe vraiment – comme jeune père – à l´école c´était de façon ennuyeuse – Goethe ….– mais avec mes enfants … chaque année : le printemps est ressuscité avec les vers de Goethe – et mes derniers enfants les connaissent par coeur pour les transmettre à leurs enfants.
Je vais commencer avec le texte en allemand
C´est comme de la musique – alors ne cherche pas à le traduire en français; je vais lire la traduction de Gérard de Naval ensuite..
Johann Wolfgang v. Goethe
FAUST I 1.Teil Vor dem Tor (Osterspaziergang)
Vom Eise befreit sind Strom und Bäche
Durch des Frühlings holden, belebenden Blick;
Im Tale grünet Hoffnungsglück;
Der alte Winter, in seiner Schwäche,
Zog sich in rauhe Berge zurück,
Von dorther sendet er, fliehend, nur
Ohnmächtige Schauer körnigen Eises
In Streifen über die grünende Flur;
Aber die Sonne duldet kein Weißes:
Überall regt sich Bildung und Streben,
Alles will sie mit Farben beleben;
Doch an Blumen fehlt´s im Revier,
Sie nimmt geputzte Menschen dafür.
Kehre dich um, von diesen Höhen
Nach der Stadt zurückzusehen.
Aus dem hohlen, finsteren Tor
Dringt ein buntes Gewimmel hervor.
Jeder sonnt sich heut so gern.
Sie feiern die Auferstehung des Herrn,
Denn sie sind selber auferstanden,
Aus niedriger Häuser dumpfen Gemächern,
Aus Handwerks- und Gewerbesbanden,
Aus dem Druck von Giebeln und Dächern,
Aus den Straßen quetschender Enge,
Aus der Kirchen ehrwürdiger Nacht
Sind sie alle ans Licht gebracht.
Sieh nur, sieh! wie behend sich die Menge
Durch die Gärten und Felder zerschlägt,
Wie der Fluß, in Breit und Länge
So manchen lustigen Nachen bewegt,
Und bis zum Sinken überladen
Entfernt sich dieser letzte Kahn.
Selbst von des Berges fernen Pfaden
Blinken uns farbige Kleider an.
Ich höre schon des Dorfs Getümmel,
Hier ist des Volkes wahrer Himmel,
Zufrieden jauchzet groß und klein;
Hier bin ich Mensch, hier darf ich´s sein.
FAUST I – J.W.v.GOETHE
Devant la Porte de la Ville
Les torrents et les ruisseaux ont rompu leur prison de glace
Au sourire douce et vivifiant du printemps;
Une heureuse espérance verdit dans la vallée;
Le viel hiver, qui s´affaiblit de jour en jour,
se retire peu à peu vers les montagnes escarpées.
Dans sa fuite, il lance sur le gazon des prairies
Quelques regards glacés mais impuissants;
Le soleil ne souffre plus rien de blanc en sa présence, tout se forme et pousse;
tout s´anime sous ses rayons de couleurs nouvelles.
Cependant prendrait- il en passant pour des fleurs
Cette multitude de gens endimanchés
Dont la campagne est couverte?
Détournons- nous donc de ces collines
Pour retourner à la ville.
Par cette porte obscure et profonde se presse
une foule toute bariolée:
chacun aujourd´hui aime à s´ébattre au soleil:
c´est bien la résurrection du Seigneur qu´ils fêtent,
car eux – mêmes sont ressuscités.
Échappés aux sombres appartements de leurs maisons basses,
aux liens de leurs occupations journalières,
aux toits et aux plafonds qui les pressent,
aux rues etroites qui les enserrent,
a la nuit mystérieuse de leurs églises,–
les voilà! rendus tous à la lumière.
Voyez donc!
voyez ! comme la foule se précipite dans les jardins
et dans les champs.
Que des barques joyeuses
sillonnent le fleuve en long et en large!
et cette dernière qui s´écarte des autres
chargée jusqu´aux bords.
Les sentiers les plus lointains de la montagne
Brillent aussi de l´éclat des habits.
J´entends déjà le bruit du village ;
c.est vraiment là – le paradis du peuple;
grands et petits sautent gaiement:
ici je me sens HOMME,
ici j´ose l´être.
Gérard de Nerval
Vint ensuite Herveline :
Auguste Lacaussade (1815-1897) est un poète français né sur l’île Bourbon (Réunion). Il est le fruit de l’union libre entre Pierre-Augustin Cazenave de Lacaussade (riche famille de Bordeaux) et d’une métisse libre Fanny-Lucile dite Desjardins. Il est ce qu’on appelle un quarteron. Ce statut va influencer toute sa vie comme le fait d’être refusé au Collège Bourbon, l’obligeant à s’expatrier en France. En 1848, il rejoint le camp des abolitionnistes. En 1852, il publie Poèmes et paysages qui reçoit le Prix Bordin en 1862. Il est inhumé le au cimetière de Montparnasse. En 2006, ses restes sont ramenés à La Réunion dans le cimetière d’Hell-Bourg, aux côtés de ceux de son ami le poète écossais William Falconer.
LES SOLEILS D’AVRIL
Auguste LACAUSSADE dans Poèmes et Paysages (1897)
Les bois vont refleurir. Des gouttes de verdure
Déjà tremblent au bout des rameaux dépouillés,
Et les bourgeons bientôt, voilant l’écorce dure,
S’ouvriront au soleil, de sève encor mouillés.
D’un long sommeil la terre en souriant s’éveille ;
Tout en elle est tiédeurs, rougeurs, troubles charmants.
Les jours vont grandissant : de la saison vermeille
On voit partout flotter de frais pressentiments.
Les vents passent chargés de promesses secrètes ;
L’oiseau ne chante point encor ; sur les buissons
Point de fleurs ; mais déjà rossignols et poètes
Sentent monter en eux la sève des chansons.
Des gais soleils d’avril voici l’heure première.
Avril, c’est le printemps dans sa virginité.
L’air est d’un bleu profond, suave est la lumière ;
Un sang jeune sourit au front de la beauté.
Bientôt les bois naissants, les mousses, les fougères
Feront un dais mobile au cours chantant des eaux ;
Et les vents berceront sur leurs ailes légères
Dans les lilas en fleur l’hymne heureux des oiseaux.
Bientôt se cueilleront les prémices des choses :
L’alouette dans l’air dira les jeunes blés,
Et le bouvreuil muet, caché parmi les roses,
Couvera les œufs blonds sous sa plume assemblés.
Qu’un autre, après l’hiver, chante sa délivrance !
Qu’il dise, ô mois de Mai, ton retour souhaité !
Pour moi, je chante Avril ! Avril, c’est l’espérance,
Avant qu’on ait souffert, avant qu’on ait douté !
Mois aimé, tu marquas dans ma verte jeunesse ;
Du bonheur je te dois les rêves infinis.
Qu’importe que la vie ait trahi leur promesse !
Pour mes espoirs défunts, Avril, je te bénis !
Des plus chers souvenirs confidente fidèle,
Muse ! puisque déjà la première hirondelle
De son vol printanier sillonne au loin l’azur,
Veux-tu, par ce beau jour, et sous un ciel si pur,
Veux-tu dans ce grand parc, asile aimé des mousses,
Voir avec moi du sol monter les jeunes pousses,
Voir sur les sables fins et dans les noirs rameaux,
L’aile ouverte au soleil, courir les passereaux ?
Comme eux, au beau soleil, nos frileuses pensées
Ouvriront en chantant leurs ailes nuancées,
Et, pareils aux bourgeons éclos à la cime des bois,
Sentant renaître en nous les rêves d’autrefois,
Assis sous quelque chêne à la branche encor noire,
Muse ! nous nous dirons en vers ma douce histoire.
C’était, il t’en souvient, dans cet âge charmant
Où, pleine d’espérance et de vague tourment,
D’un inconnu désir notre âme est inquiète :
L’âge de Roméo cherchant sa Juliette,
L’âge où chacun de nous, dans ses vœux inconstants,
Suit un songe aux doux yeux, un rêve aux plis flottants ;
Où, semblable à l’amant tes roses éphémères,
Le cœur, l’une après l’autre épousant ses chimères,
Quand il a respiré leur parfum virginal,
Le réel effeuillé, revole à l’idéal.
O bonheur de l’aimer ! ô félicité pure !
Son port est jeune et fier, sa bouche est belle et mûre.
D’un cœur épanoui le frais enchantement
Répand sur son passage un doux rayonnement.
Son charme est dans sa grâce, et cette grâce antique
Rappelle, en la voyant, l’épouse du Cantique.
Lorsque du jeune époux accusant les lenteurs,
Le soir, le front baigné d’onctueuses senteurs,
Interrogeant des yeux les onduleuses lignes
Des coteaux, pâle et svelte elle allait par les vignes,
Par les bois odorants plantés de verts palmiers,
L’attendre à la fontaine où boivent les ramiers.
Absente comme lui, vois ! je t’attends comme elle.
Accours ! l’inquiétude à tant d’amour se mêle.
Oh ! combien l’heure est longue ! Elle ne viendra pas.
Silence ! Sous les bois j’ai reconnu son pas.
C’est elle ! Trouble heureux, émotion divine,
Vous ne me trompez point ! dans l’air je la devine.
De célestes parfums sur les brises venus
Flottaient et révélaient ton approche, ô Vénus !
Dans ses parfums aussi c’est ma jeune immortelle !
Le feuillage a frémi, l’air enivre, c’est elle !
Éclats joyeux, baisers de silence suivis !
Transports muets, regards prolongés et ravis !
Effusion des cœurs perdus dans leur tendresse !
Tristesse du bonheur, mélancolique ivresse !
Notre âme monte et rit à nos fronts radieux,
Et les pleurs cependant débordent de nos yeux !
Si je les fais couler, tes pleurs, c’est que je t’aime !
Je fus injuste et dur, je le sais, et moi-même
J’en gémis. — Oh ! l’amour, ce bonheur tourmenté,
S’il est fait de tendresse, est fait de cruauté !
Ivre d’amers soupçons, à sa folie en proie,
L’homme à se torturer trouve une sombre joie.
Hélas ! pourquoi faut-il qu’un hasard inhumain
M’ait en un jour fatal conduit sur ton chemin ?
Pourquoi m’as-tu connu ? Ta vie au flot docile
Eût loin de moi coulé douce et calme et facile.
Mais dans un lit d’azur et d’or, troublant leur cours,
Funeste à ton repos, j’ai tourmenté tes jours !…
Fuis-moi, fuis sans pitié, brise un rude esclavage,
Sois libre ! — T’arrachant à mon humeur sauvage,
Qu’un autre t’aime et donne a tes jours fortunés
Tous les bonheurs qu’hélas ! je ne t’ai point donnés…
Un autre ! — Je te mens et me mens à moi-même !
Ah ! de la passion égoïsme suprême !
Connais-moi tout entier ! lis à nu dans mon cœur !
Un autre ! — Meurs plutôt ! je t’aime avec fureur !
Sourdes explosions ! aveugles jalousies !
Heureux qui n’a jamais connu vos frénésies !
Heureux qui peut, nourri du pain de la beauté,
Vivre sans trouble, aimer avec tranquillité !
Mais l’inquiet esprit, en ses ardeurs mobile,
L’âme fiévreuse, l’âme à se ronger habile,
Celui qui dans sa veine, au lieu d’un flot vermeil,
Sent bouillonner un sang brûlé par le soleil,
Celui-là ne sait point être heureux ! cœur austère,
Il ne sait que souffrir, se dévorer, se taire !…
Mais souffrir, c’est aimer ! et, dussé-je en mourir,
De ce mal âpre et doux qui donc voudrait guérir !
A nos cœurs défaillants, à nos pâles faiblesses,
Redouble si tu veux les coups dont tu nous blesses,
Amour ! ô passion faite d’âme et de chair,
Ton culte à nos douleurs n’en sera pas moins cher !
Le sein encor saignant, je bénirai tes armes !
C’est toi qui m’enseignas la volupté des larmes !
Tu fais tout l’homme, ô toi par qui j’ai tout appris !
Oui ! dût de nos ferveurs la tombe être le prix,
Amour ! dieu jeune et fort, dieu dont le mal enivre,
Dieu qui nous révélas comme il est doux de vivre,
Dût ton souffle au tombeau précipiter nos pas,
Notre âme en s’éteignant ne te maudira pas !
Des secrets souvenirs confidente fidèle,
Muse ! tandis qu’au loin la première hirondelle
Trace les vifs sillons de son vol dans l’azur,
Par un jour printanier si clair, un ciel si pur,
J’ai voulu dans ce parc, asile aimé des mousses,
Voir avec toi du sol monter les jeunes pousses,
Voir sur les sables fins et dans les noirs rameaux,
L’aile ouverte au soleil, courir les passereaux.
Comme eux, au beau soleil, nos frileuses pensées
Ont ouvert en chantant leurs ailes nuancées,
Et, pareils aux bourgeons à la cime des bois,
Sentant renaître en moi les rêves d’autrefois,
Assis sous le vieux chêne à la branche encor noire,
Muse ! je t’ai conté ma douce et triste histoire.
Et puis ce fut le tour de Hildegard :
Edouard Mörike (1804 – 1875) a vécu le plus longtemps à Stuttgart, comme pasteur et professeur. Il est un représentant du “Biedermeier”, une sorte de romantisme qui se préoccupe et se réjouit des petites choses.
Friederike Kempner , qu’on appellait à son époque aussi “der schlesische Schwan” ou “die schlesische Nachtigal” (le cygne ou le rossignol silésien) vivait à peu près à la même époque que Mörike, mais en Silesie (aujourd’hui en Pologne) où ses parents, des juifs aisés, avaient acheté un manoir. Bien que les juifs étaient mieux respectés et reconnus à cette époque le contact avec les autres propriétaires de manoir ne devait pas être aisé. En tout cas Friederike n’a jamais trouvé de mari et ses parents vivaient dans la crainte que leur fille ne les ridiculise et achetaient tous ses livres de poèmes qu’elle éditait à compte d’auteur au début. Mais bientôt son humour involontaire réjouissait non seulement les étudiants, mais de vastes couches de la population et ses publications s’arrachaient des mains. A côté de cela elle s’occupait des pauvres, luttait contre la maltraitance des animaux et la chasse et craignait d’être enterrée vivante. Elle fit installer des sonnettes dans les tombes de ses parents et adressait des suppliques au roi jusqu’à ce qu’il ordonna de construire des morgues dans tous les cimetières.
Er ist’s – Eduard Mörike
Frühling lässt sein blaues Band
Wieder flattern durch die Lüfte;
Süße, wohlbekannte Düfte
Streifen ahnungsvoll das Land.
Veilchen träumen schon,
Wollen balde kommen.
Horch, ein Harfenton!
Frühling, ja du bist’s!
Dich hab ich vernommen!
Wenn der holde Frühling – Friederike Kempner
Wenn der holde Frühling lenzt
Und man sich mit Veilchen kränzt
Wenn man sich mit frischem Mut
Schnittlauch in das Rührei tut
Wallen durch des Menschen Säfte
Neue, ungeahnte Kräfte –
Jegliche Verstopfung weicht
Alle Herzen werden leicht
Und das meine fragt sich still
Ob mich dies Jahr einer will?
Et puis Josée :
A la mi-carême
Alfred de Musset (1810-1857)
I
Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.
Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;
Bien que le laboureur le craigne justement,
L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.
Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C’est sa première larme et son premier sourire.
C’est dans le mois de mars que tente de s’ouvrir
L’anémone sauvage aux corolles tremblantes.
Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ;
Et du fond des boudoirs les belles indolentes,
Balançant mollement leurs tailles nonchalantes,
Sous les vieux marronniers commencent à venir.
C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares,
Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ;
À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ;
La valseuse se livre avec plus de langueur :
Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares,
La lassitude enivre, et l’amour vient au coeur.
S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime
Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir,
C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême,
Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir
Sur la valse et l’amour devrait faire un poème,
Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir.
Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie,
Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés,
Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ?
Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie !
Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie
Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ?
Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique
Des filles de Cadmus dénouait les cheveux,
On laissait la beauté danser devant les dieux ;
Et si quelque profane, au son de la musique,
S’élançait dans les choeurs, la prêtresse impudique
De son thyrse de fer frappait l’audacieux.
Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ;
Les vierges aujourd’hui se montrent moins sévères,
Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté.
Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ;
Nous perdons le respect qu’on doit à la beauté,
Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté.
Tant que régna chez nous le menuet gothique,
D’observer la mesure on se souvint encor.
Nos pères la gardaient aux jours de thermidor,
Lorsqu’au bruit des canons dansait la République,
Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique,
Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d’or.
Autres temps, autres moeurs ; le rythme et la cadence
Ont suivi les hasards et la commune loi.
Pendant que l’univers, ligué contre la France,
S’épuisait de fatigue à lui donner un roi,
La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse.
Si quelqu’un s’en est plaint, certes, ce n’est pas moi.
Je voudrais seulement, puisqu’elle est notre hôtesse,
Qu’on sût mieux honorer cette jeune déesse.
Je voudrais qu’à sa voix on pût régler nos pas,
Ne pas voir profaner une si douce ivresse,
Froisser d’un si beau sein les contours délicats,
Et le premier venu l’emporter dans ses bras.
C’est notre barbarie et notre indifférence
Qu’il nous faut accuser ; notre esprit inconstant
Se prend de fantaisie et vit de changement ;
Mais le désordre même a besoin d’élégance ;
Et je voudrais du moins qu’une duchesse, en France,
Sût valser aussi bien qu’un bouvier allemand.
Puis Martine :
Jacques Prévert (1900-1977) est le plus populaire des poètes français : 440 écoles en France portent son nom. Avec leur langage familier et leurs jeux de mots, ses poèmes, belles expressions littéraires de la liberté, sont des références de la littérature française.
Jacques Prevert et Izis, “le grand bal du printemps”, 1951,ed cherche midi 2008 : ” le coeur aime la mauvaise musique, et sans doute il a raison”
Sur une palissade
dans un pauvre quartier
des affiches mal collées
Grand bal du Printemps
illuminent
l’ombre d’un arbre décharné
et celle d’un réverbère pas encore allumé
Devant ces petites annonces de la vie
un passant s’est arrêté
émerveillé
C’est un colporteur d’images
et même sans le savoir
un musicien ambulant
qui joue à sa manière
surtout en hiver
Le Sacre du Printemps
Et c’est toujours le même air
intense et boulversant
pour tempérer l’espace
pour espacer le temps
Toujours le portrait des choses et des êtres
qui l’ont touché
Ces choses et ces êtres
ont été touchés aussi
et malgré la misère
ce petit monde
avec toute sa lumière
s’est fait une beauté pour lui.
Et Marie Odile :
Charles 1er d’Orléans, né à Paris en 1394, mort à Amboise en 1465, Duc d’Orléans et de Valois il est un prince connu pour ses nombreuses œuvres poétiques. Il est le fils de Louis 1er, duc d’Orléans (frère du Roi Charles VI). Il est le père de Louis XII.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau!
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent, d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau:
Le temps a laissé son manteau.
Charles d’Orléans
C’est un poème lyrique car Charles d’Orléans fête le renouveau de la nature : « chacun s’habille de nouveau ». Comme Orphée, il se sent en harmonie avec une nature en éveil qui célèbre l’arrivée du printemps. On remarque ainsi que les animaux, et les oiseaux, sont également heureux : « Il n’y a ni bêtes ni oiseaux/ Qu’en son jargon ne chante ou ne crie : « Le temps a laissé son manteau »
Merci à tous pour vos contributions et pour le bon moment passé “ensemble”! À renouveler…