Etude sociologique

Très chers amis allemands!

Chaque fois -ou presque- que je suis ici, en Allemagne, j’ai l’occasion de vivre un phénomène tout à fait intéressant : les Allemands et les places de parking! Ce n’est pas une enquête, c’est du vécu. Avec du concret.
Ma première expérience date déjà un peu. Mais elle a eu le mérite de m’ouvrir les yeux sur le comportement passionnel qu’ont les Allemands dès qu’il s’agit de leur bagnole ou de la manière dont ils les garent.
Expérience  n°1:  situons la scène: le parking du supermarché local.  Je me gare. Il fait un peu de vent. J’ouvre donc la portière de ma voiture avec précaution et à ce moment précis vient se garer tout près de moi ce que nous appelons normalement chez nous une rombière. Dernier cabrio BMW, certes, mais pas tellement de classe, la dame. Bref. Elle se gare et ma portière vient effleurer la sienne. Comme une plume. Pas plus, pas moins. J’ai ici une voiture vert foncé. La sienne est blanche. Et pas un grain de poussière, vous pouvez me croire.
Inconsciente du drame qui se noue, je quitte la voiture et me dirige vers le supermarché. C’est alors que retentissent des cris de charretière. Même si j’ai fait quelques progrès en allemand, je ne comprends pas un seul mot de ce qu’elle éructe! Elle me rattrape, me prend par le bras, manu militari, et toujours en fulminant, me traîne jusqu’à sa voiture pour me montrer les dégâts causés par ma légèreté! J’écarquille les yeux, je chausse les lunettes: RIEN! Elle me montre alors une chiure de mouche vert foncé -la chiure, pas la mouche!-et vas-y qu’elle en rajoute quant au prix exorbitant de cette voiture (clinquante, entre nous!), sur la colère à venir de son mari, et j’en passe. Je lui propose de faire un constat. Bien qu’ honnêtement, il n’y ait pas un pet de lapin  à constater! Elle prend alors le n° d’immatriculation de la voiture, me demande les papiers, le numéro de téléphone de Kurt et mon permis de conduire. Je sais, je suis vraiment gourde et j’aurais dû éviter de lui rendre la tâche si facile. Elle prend mon permis et, horrifiée, elle découvre que je suis française! Le truc qui tue! Et qu’elle me lance “ça ne m’étonne pas que vous soyez française, en France vous avez tous des voitures de m….! Et toc, prends ça dans les dents, ma vieille. Je lui propose alors de la conduire au garage BMW d’à côté et de faire évaluer la remise en état de la catastrophe. Elle accepte. Tout en rajoutant que sur une voiture aussi belle que la sienne, ça va me coûter un max! Très sincèrement, m’attendant à tout, je suis passablement désarçonnée et je commence à flipper grave. Nous arrivons chez Monsieur BMW. Les deux qui nous accueillent et à qui la mégère explique la tragédie se regardent un peu goguenards….. l’un deux va chercher un chiffon, il prend un demie goutte de polish et hop! Plus la moindre trace…..Le soir, son mari a téléphoné pour s’excuser. Fin de la première expérience.
Expérience n°2: peut être celle dont je suis la moins fière. Mais avec le recul, ma fille, qui était là, et moi, on s’est bien amusées! N’ayons pas peur des mots: je suis la reine du créneau. Côté droit, côté gauche, peu importe, je me case toujours! La voiture que j’ai ici est un peu plus longue que ma Beettle bien-aimée, mais je n’ai aucun problème. Nous sommes en ville, et j’avise une place qui me tend les bras. Je fais mon créneau, les doigts dans le nez, sauf que pour se garer correctement et bien droit, il faut savoir parfois jouer un peu des pare chocs. Ils sont là pour ça, non? Un petit coup en arrière, un petit coup en avant et hop! je suis garée comme une reine! Je  file chercher un ticket de stationnement et lorsque je reviens, je vois Emmanuelle, ma fille, aux prises avec un couple. Tout le monde fait de grands gestes! Sauf Emma, penaude, qui ne parle pas un seul mot d’allemand. Et ne comprend pas vraiment ce qui arrive. Alors voilà, ces deux là ne sont pas du tout les propriétaires de la voiture derrière laquelle  nous sommes garées. Non, non…. ils étaient juste en train de déjeuner au resto d’en face lorsqu’ils ont vu “l’accident”! J’explique l’affaire en deux mots à Emma qui aussitôt se met à faire des photos de cette bagnole du genre 4×4 africain, complètement pourrie, pleine de gnons, de rayures, une portière verte, une portière rouge, et elle mitraille tout, devant, derrière… Et les “témoins” de me dire: “Vous devez vous manifester auprès du propriétaire, laisser vos coordonnées. En Allemagne, pour quelque chose d’aussi grave, vous risquez gros”. Là encore on se dit “bingo”, qu’est ce qui va encore nous arriver…. C’est alors que l’une de nous -je ne dirai pas laquelle- arrache une page de son agenda, prend sa plus belle plume et griffonne un faux numéro de téléphone. On s’est dit que le bonhomme qui possédait cette caisse infâme était peut être capable de se la faire repeindre à l’oeil et, avec nos airs les plus angéliques nous avons déposé le mot sous l’essuie glace. Bien entendu, nous n’avons jamais eu d’appel téléphonique. Je sais, je sais, ça ne se fait pas….
Expérience n°3: celle-ci date d’hier. Toujours le même parking, le même supermarché. Plein de places libres, de tous les côtés. Je me gare. Proprement. Chacun, selon la largeur de sa voiture dispose d’environ 20 cms de chaque côté des traits blancs. D’un côté j’avais peut être 22. De l’autre 18. Côté  conducteur, sinon ce ne serait pas drôle. Lorsque je reviens, je trouve une espèce de 4×4 noir, vitre teintées, collé à ma portière gauche. Impossible de rentrer! Et de l’autre côté, ce n’était guère mieux (je soupçonne un gang de 4×4 noirs). Je n’avais donc qu’à attendre qu’ils veuillent bien revenir. Un quart d’heure plus tard voilà le zigue qui se pointe, je lui demande s’il a remarqué qu’il était littéralement collé à ma voiture. Bien sûr, me dit-il, je l’ai fait exprès, comme ça la prochaine fois vous apprendrez à vous garer! Il va falloir que je prenne des cours de gros mots allemands, parce que là, franchement, ça m’aurait fait du bien!
Expérience n°4: toute fraîche d’aujourd’hui et qui n’a pas grand chose à voir avec la manière de se garer. Mais qui vaut elle aussi son pesant de saucisson.  Là, vous allez dire que je passe ma vie au supermarché. Mais vous savez bien, il manque toujours un truc. En l’occurrence nous n’avions plus d’eau. Je vais donc au supermarché, toujours le même, je me gare, je vais chercher mon eau, je reviens, je pose l’eau dans la voiture et je je retourne déposer le caddie à l’endroit réservé à cet effet. 20 mètres plus loin, une dame m’accoste et me demande si elle peut prendre le caddie. Bien sûr, dis-je. Je reviens donc vers la voiture. Et là, un type du genre rougeaud bedonnant m’aborde, me hurle dessus, et me dit qu’on est supposé ranger son caddie après utilisation dans les cages réservées…. Ce que je n’avais pas vu, c’est que la pauvre dame à qui j’avais laissé la chose avait plongé dans sa voiture pour récupérer des caisses de bouteilles vides et que pendant ce temps là, le caddie était tout seul, comme abandonné….. Là, quand même, je me suis dit qu’il ne fallait pas pousser et j’ai rassemblé tout ce je savais de mots pas aimables et j’ai demandé au redresseur de torts d’aller se faire cuire un oeuf et plus vite que ça. Kurt dit que tous ces trucs, ça n’arrive qu’à moi….
Dites, chers amis allemands, tout cela est-il propre à l’Allemagne du Nord? Je vous avoue que je sens mon sang ravacholesque bouillir quelque peu. Bref, je ne voudrais pas être à la place du prochain qui va venir me chercher des poux dans la tête. Parce qu’alors là, le pôvre, il peut s’attendre au pire!
Et puis elles ne sont pas si pourries que ça nos bagnoles, non?
Pardon, ça a été un peu longuet!

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