Publié le 26/09/2024 à 05:05

CORRESPONDANT

Cette soirée Benjamin fera date dans les annales de l’association franco-allemande par sa réussite et l’affluence qui se pressait au Cart. Mais elle restera dans les mémoires également par le niveau et la qualité de son contenu. Son succès est d’autant plus remarquable que Walter Benjamin reste un auteur difficile d’accès. Le film de Christian Cabane, présenté par l’auteur, reprenait les étapes de la courte vie de Walter Benjamin, ses pérégrinations et la fin du voyage, son suicide dans un hôtel obscur de Port Bou. Il soulignait aussi les empreintes profondes laissées par cet intellectuel discret, effacé, longtemps méconnu : c’est ce qui ressortait des nombreux témoignages enregistrés dans le film. Des lectures d’extraits en allemand et en français encadraient la projection, laissant les auditeurs plonger directement dans l’œuvre de W. B., qui faisait apparaître un homme condamné par lui-même, par ses propres démons, à une errance perpétuelle. Si courte soit-elle, son œuvre, dont une partie a péri dans les flammes des livres interdits par le troisième Reich, a laissé des passages marquants, tel ce texte sur l’Histoire tournant le dos à l’avenir et contemplant avec horreur le passé qui n’a laissé que champs de ruines. Rédigé entre les deux guerres et repris en 1940, ce texte apparaît comme une mise en garde visionnaire et rappelle, comme un avertissement, le "présent du passé", pour reprendre un titre d’Edwy Plenel. Film et lectures ont suscité questions et commentaires engagés du public. Le verre de l’amitié a permis de prolonger le débat.

Correspondant Midi Libre : 06 87 05 03 26